L’impact local des projets d’aménagement



L’IBPES indique que le changement d’utilisation des terres (la déforestation, l’urbanisation, artificialisation, agriculture, etc.) figure parmi les principales pressions pesant sur les écosystèmes terrestres. En France métropolitaine, ce changement contribue très largement à la perte de l’abondance moyenne des espèces chez les vertébrés (oiseaux et mammifères) et chez les plantes comme le montre le modèle Globio.
L’indice de biodiversité local (IBL) : un outil pour mesurer l’impact local des aménagements sur la biodiversité
Outre la protection des forêts et des autres espaces naturels, l’enjeu en France est de limiter au maximum la perte de terre par artificialisation. Les outils de planification de l’aménagement urbain, comme les Schémas régionaux d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires (SRADDET) ou les plans locaux d’urbanisme (PLU) constituent un premier levier de régulation de cette pression. Aussi les acteurs à l’origine de ces changements – et en particulier les aménageurs – sont appelés à s’engager en faveur de la biodiversité et à proposer des actions ambitieuses et quantifiées pour réduire leurs impacts notamment en termes de consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers.
Un outil de mesure développé au sein du Club IBL
Initié au début de l’année 2022 avec 13 entreprises partenaires*, le Club IBL s’est donné pour objectif de développer un outil de quantification des gains de biodiversité utilisable à l’échelle d’un projet.
Cet outil est créé pour pouvoir comprendre et évaluer l’impact local (positif ou négatif) d’un projet d’aménagement sur la biodiversité dès la phase de conception, donc avant réalisation des impacts afin de pouvoir réfléchir à des alternatives moins impactantes avec l’ambition de permettre à chaque projet de se traduire, in fine, par un gain réel de biodiversité.
L’outil facilite aussi la mise en place de stratégies biodiversité des entreprises ou acteurs du territoire en leur permettant de pouvoir fixer des objectifs quantifiés engageants pour la biodiversité (politique RSE ou stratégie biodiversité). Il fournit des indicateurs clairs pour suivre l’atteinte de ces objectifs et renseigner un rapport extra-financier.
Enfin, à l’échelle d’une entreprise, cet outil vient compléter l’évaluation de l’empreinte biodiversité calculée par le Global Biodiversity Score, lequel intègre les impacts des chaines de valeurs des entreprises.
* Les membres du Club IBL en 2025 sont : AREFIM, CDC Habitat, Compagnie des Alpes, Eiffage, Icade, LIDL, Novaxia, Polylogis, Société du Grand Paris, SNCF immobilier, La poste Immobilier, Nhood, APRC
Une méthodologie scientifique
Afin de développer un outil ayant une bonne utilisabilité et une bonne acceptabilité, il a été nécessaire de mettre en place une approche spécifique et itérative. Celle-ci passe par la réalisation d’un état de l’art, la consultation de spécialistes jusqu’à la mise en place d’une phase d’expérimentation.
Les travaux de CDC Biodiversité sur les questions de dimensionnement de la compensation écologique, d’évaluation de la performance écologique des pratiques agricoles et sylvicoles, d’évaluation de l’état de conservation des habitats naturels, ont servi de base à l’exercice, de même que les outils de référence existants disposant d’indicateurs robustes (IBP , IQE , projet MUSE, etc.).
L’outil utilise ainsi une vingtaine d’indicateurs, caractérisant la végétation et le sol et permettant de décrire le niveau de fonctionnalité du site dans un état initial, puis dans un état projeté. Cette caractérisation se fait sur deux composantes :
- la composante habitat qui tient compte des fonctions liées au potentiel d’accueil du site pour les espèces (faune et flore, biodiversité ordinaire);
- la composante eau&air qui tient compte des fonctions liées au cycle de l’eau, à la qualité de l’air et au microclimat.
L’IBL prend également en compte de l’insertion paysagère du site en intégrant un coefficient de connectivité fonctionnelle « φ » à la note finale de la composante habitat.
IBL- EA = Note d’indice de biodiversité local pour la composante « eau-air »
IBL- H = Note d’indice de biodiversité local pour la composante « habitat »
La soustraction entre l’état projeté et l’état initial permet d’estimer l’impact : gain ou perte estimé d’une part en surfacique (gain à l’hectare) et à l’échelle du site (rapport à la surface du projet).
L’historique et le calendrier à venir
Initié en 2022, le développement de l’outil se poursuivra au moins jusqu’en 2025. Afin de vérifier la pertinence, la sensibilité, l’opérationnalité des indicateurs et des paramétrages retenus, une campagne d’expérimentation a été réalisée de 2023 à 2024.
Pour cette importante phase d’expérimentation, CDC Biodiversité reçoit le soutien de la Banque des Territoires.
L’année 2025 est consacrée d’une part au développement d’un outil informatique permettant aux écologues de réaliser leurs calculs IBL de façon guidée, d’autre part à la réalisation d’une revue critique de la méthode par des scientifiques écologues.