Dans le cadre de sa contribution au projet européen Life Intégré ARTISAN, CDC Biodiversité a organisé, le mardi 15 avril 2025, la troisième édition du groupe de travail Adapt’Eco autour de l’assurance. Après deux sessions centrées sur les conséquences de l’érosion de la biodiversité pour le secteur assurantiel, cette nouvelle édition s’est penchée sur l’impact des activités des assureurs sur la nature, dans une logique de double matérialité. Organisé en partenariat avec le cabinet Seabird et le Conservatoire du littoral, ce temps d’échange a permis de mettre en lumière les interdépendances entre biodiversité et assurance, ainsi que le rôle stratégique des Solutions fondées sur la Nature (SfN) pour renforcer la résilience du secteur.
Valentine Norève
Edoardo Gaggi
Dans le cadre du projet Life intégré ARTISAN, dont CDC Biodiversité est bénéficiaire associé, Valentine Norève, Directrice du programme Nature, et Edoardo Gaggi, chargé d’études, ont animé la troisième édition du groupe de travail Adapt’Eco dédié au secteur de l’assurance, intitulée « Assurance et Biodiversité : Réduire son impact grâce aux Solutions fondées sur la nature ». Ce GT a souligné le rôle essentiel des Solutions fondées sur la nature (SfN) pour renforcer la résilience du secteur face au changement climatique et à l’érosion de la biodiversité.
La séance s’est ouverte par une présentation du programme Nature 2050 par Valentine Norève. Lancé en 2016 par CDC Biodiversité, ce programme est aujourd’hui l’une des principales initiatives de financement privé de SfN en France, avec 104 projets déployés sur l’ensemble du territoire à fin 2024. Les Le programme Nature 250 a pour ambition d’aider les territoires à s’adapter aux effets du changement climatique, tout en restaurant et préservant la biodiversité. Ces 104 projets soutenus par le programme Nature 2050 et cumulent une surface totale impactée de plus de 11 000 hectares.
Vincent Guénon
Vincent Guénon, chef de projets empreinte biodiversité des institutions financières à CDC Biodiversité, est intervenu pour présenter l’évaluation des impacts et dépendances du secteur de l’assurance vis-à-vis de la biodiversité, à travers l’outil Global Biodiversity Score (GBS).
Développé depuis 2015 par CDC Biodiversité, le GBS permet de mesurer de façon standardisée l’empreinte biodiversité des acteurs économiques en mesurant l’évolution de l’état des écosystèmes – mesure pouvant être complétée par des analyses sur l’importance de la biodiversité locale.
Dans le cas du secteur assurantiel, la diversité des produits et des rôles joués par les acteurs rend l’analyse particulièrement complexe. Afin de surmonter ces limites, CDC Biodiversité développe des méthodologies spécifiques par catégorie de produits, pour permettre une intégration plus fine de la biodiversité dans les stratégies du secteur.
« Il est maintenant nécessaire que les acteurs de l’assurance, comme l’a fait le reste du secteur financier, se lancent dans la mesure de leurs impacts à grande échelle, pour prendre conscience de leurs responsabilités.«
Raphael Bauret
Dans ce contexte, « les SfN offrent une solution pour répondre à l’urgence de limiter l’impact des assureurs sur la nature, » selon Raphaël Bauret, Consultant référent en transformation durable chez Seabird. Raphaël est intervenu pour présenter les opportunités pour les gestionnaires des risques. Il a expliqué que, en renforçant la résilience des territoires, les SfN agissent sur les trois composantes du risque : l’aléa, l’exposition et la vulnérabilité. Les assureurs disposent de leviers clés pour soutenir leur déploiement, que ce soit par l’investissement, en finançant des projets de restauration écologique, ou par la souscription, en incitant leurs clients à adopter des pratiques durables.
Janis Beuve
Enfin, Janis Beuve, Chargée de mission restauration zones humides au Conservatoire du littoral, a présenté le projet JA-Riv, soutenu par le programme Nature 2050. La zone industrielle de Jarry, principale zone économique de l’archipel de la Guadeloupe, est une zone littorale artificialisée et particulièrement vulnérable aux risques d’érosion côtière et submersion marine, JA-Riv illustre le potentiel d’atténuation des risques des SfN. Depuis 2019, le projet œuvre à libérer et renaturer 27 hectares occupés illégalement, avec la restauration et la préservation les mangroves au cœur de cette démarche.
Cette troisième édition marque la conclusion de la série des GT Adapt’Eco centrés sur le rapport entre l’industrie de l’assurance et la biodiversité. Les principaux enseignements à retenir sont les suivants :
- Le changement climatique et la perte de biodiversité mettent en péril l’assurabilité des territoires, compromettant ainsi le modèle économique des assureurs.
- Pour faire face à ces risques croissants, les assureurs doivent devenir des acteurs clés de la transition écologique et développer des modèles plus performants, notamment pour évaluer leurs impacts et ceux des activités assurées.
- Les assureurs ont tout intérêt à soutenir les SfN, qui atténuent les effets des risques climatiques et réduisent leurs pertes potentielles, tout en générant des co-bénéfices pour l’ensemble de la population.