Le Lancement d’Albums AgriBEST® : premier aboutissement opérationnel du partenariat entre le Museum national d’Histoire naturelle et les deux co-fondateurs de l’outil CDC Biodiversité et La Coopération Agricole Ouest pour un dialogue renouvelé entre sciences participatives, acteurs de filières et réalités de terrain.
Le 29 avril 2025, CDC Biodiversité, le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) et la Coopération agricole Ouest co-organisaient un événement clé autour d’un enjeu devenu central : réconcilier agriculture et biodiversité à travers l’innovation, les sciences participatives et la co-construction d’outils au service des agriculteurs. Une soixantaine de participants – chercheurs, agriculteurs, représentants d’institutions publiques et d’investisseurs – ont échangé autour des solutions permettant de renforcer la prise en compte du vivant dans les pratiques agricoles.
La science participative et l’approche au plus près des pratiques comme levier de transformation
En ouverture, Jane Lecomte, Directrice du département scientifique Homme et Environnement au MNHN, a rappelé l’importance d’agir au sein des milieux agricoles, où l’érosion de la biodiversité, de plus en plus documentée est alarmante et désormais incontestable. Le MNHN, en plus de son rôle au sein de l’OAB, agit notamment à travers la recherche, la conservation et le partage de savoirs.
Elle a particulièrement insisté sur la nécessité de relier recherche scientifique, action de terrain et participation citoyenne, rappelant que les sciences participatives jouent un rôle clé à l’intersection du partage des savoirs et de la mise en place de bonnes pratiques dans le cadre de la transition agroécologique. Deux défis majeurs guident cette approche : développer des outils accessibles et compréhensibles par tous, et renforcer les supports de dialogue entre chercheurs, agriculteurs et acteurs de filières à l’échelle des territoires.
Favoriser des dynamiques de progrès dans un cadre collectif, du besoin d’outil jusqu’à la mobilisation d’AgriBEST®
Un second temps-fort de l’évènement a permis lors d’une Keynote la présentation d’ « Entrepreneurs du vivant », le programme d’investissement doté de près de 400 millions d’euros en soutien à la transition juste et durable du secteur agricole français de la Banque des Territoires. Mélanie Meslay (BDT) a rappelé le besoin d’outils et d’indicateurs fiables pour mesurer l’impact des pratiques agricoles notamment pour suivre et accompagner les changements de pratiques agricoles au sein des trois volets du programme :
- Pour agir sur la transmission générationnelle : en quantifiant l’impact des pratiques agricoles pour valoriser les terres ;
- Pour accompagner la transition vers des pratiques agroécologiques : en montrant la dynamique de changement et les impacts concrets au sein d’une exploitation ;
- Pour agir sur la diversification du revenu des agriculteurs : en valorisant ou revalorisant la qualité de la production et en valorisant la restauration de services écosystémiques essentiels à l’échelle territoriale ;
À sa suite, Antoine Vedrenne, associé chez Citizen Capital a rappelé la culture historique d’engagement du Fonds d’Investissement à Impact – créé en 2008 – en rappelant l’importance pour les acteurs de l’investissement de sortir des logiques de rentabilité à court terme, au profit d’une vision qui permet, sur les enjeux agricoles, de replacer les terres agricoles comme des actifs utiles à ceux qui les cultivent et ceux qui en bénéficient.
C’est notamment la force du fonds Élan : fonds de portage de foncier agricole, initié par les Sociétés d’Aménagement Foncier et d’Etablissement Rural (Safer) et géré par Citizen Capital, réunissant comme co-financeurs le groupe Crédit Mutuel, le groupe Crédit Agricole et la Banque des Territoires via son programme Entrepreneurs du vivant. Ce dispositif inédit soutiendra le renouvellement des générations en agriculture, permettant l’acquisition, la location sur une période de 10 à 25 ans et la cession de terres agricoles à des agriculteurs notamment engagés dans une démarche agroécologique.
Antoine Vedrenne a également annoncé le choix d’AgriBEST®, retenu comme outil d’accompagnement du fonds en matière agroécologique et dans le cadre d’une démarche prescripteur ; outil permettant de conjuguer l’utilité d’une approche centrée sur les pratiques, au plus près de l’agriculteur, tout en permettant un accompagnement régulier tourné autour du dialogue. Il a notamment souligné les cinq enjeux auxquels répond AgriBEST® alliant :
- Robustesse et facilité de mise en œuvre avec un diagnostic rapide ;
- Comparabilité : à l’échelle d’une ferme avec une vision dynamique dans le temps ou à l’échelle d’un collectif de fermes accompagnées ;
- Amélioration continue : grâce à une mesure directement appropriable pour s’engager dans une voie de progrès ;
- Transparence : grâce à la lisibilité de l’entrée « pratiques agricoles » par le plus grand nombre de parties-prenantes ;
- Atouts financiers : gratuit pour les agriculteurs, il leur permet également d’ouvrir la voie à des compléments de revenus en explorant le recours à des outils de type Paiements pour services environnementaux (PSE) ;
Table ronde : la biodiversité, levier de résilience agricole
Une table ronde a clôturé ces échanges en réunissant plusieurs voix du terrain et de l’expertise institutionnelle.
Marie-Catherine Schulz-Vannaxay (Office français de la biodiversité) a notamment rappelé à quel point la biodiversité est trop souvent perçue comme un « enjeu secondaire », alors qu’elle est au cœur de la performance agricole : pour produire, réguler les bioagresseurs ou s’adapter au climat. Elle a insisté sur l’importance de l’enseignement agricole et de l’accompagnement des premières étapes pour enclencher un changement durable.
Emmanuelle Porcher (MNHN) a évoqué le rôle-clé de l’Observatoire Agricole de la Biodiversité, qui propose aux agriculteurs des protocoles simples pour observer la biodiversité sur leurs parcelles. Elle a notamment rappelé qu’il faut partir de la réalité du terrain, où certains agriculteurs voient encore la biodiversité comme une contrainte.
Cédric Benoist (AGPB) a réaffirmé l’importance d’une agriculture dynamique et adaptative, ne pouvant rester figée : les pratiques évoluent et continueront d’évoluer. Insistant que la résilience des fermes commence par les sols, il a souligné le rôle d’AgriBEST comme outil utile pour accompagner les transitions dans une logique non coercitive.
Marie Théodore, pour la coopérative Vivescia, a témoigné de la montée en puissance des attentes autour de la biodiversité dans les filières céréalières. Elle a témoigné de l’utilisation de l’outil AgriBEST dans le cadre du programme Transitions de Vivescia, utilisé pour réaliser un état des lieux, avec l’ambition d’engager 1000 agriculteurs sur 3 ans dans des pratiques plus vertueuses. Elle a insisté sur la nécessité d’un accompagnement technique, financier et collectif pour sécuriser les prises de risque des exploitants agricoles dans le cadre de leurs changements de pratiques.
Une dynamique à amplifier
Tous les intervenants ont convergé vers une même conviction : la transition agroécologique nécessite une approche systémique, collective, et ancrée dans le territoire. Des outils comme AgriBEST®, engagent des investisseurs, des acteurs de filières, des agriculteurs et des acteurs de la recherche pour agir ensemble et accompagner les agriculteurs dans leurs transformations. L’événement aura permis de mettre en lumière des ponts concrets entre la recherche, la finance, l’action publique et le monde agricole, dans une logique de progrès, de dialogue et de confiance.
AgriBEST® a été co-fondé par CDC Biodiversité et La Coopération Agricole Ouest. Cet outil est destiné aux agricultrices et aux agriculteurs, afin qu’ils réalisent un auto-diagnostic de leurs pratiques et de leurs impacts sur la biodiversité des écosystèmes agricoles.
Le développement d’AgriBEST® a été soutenu par le CasDAR, les Régions Pays de la Loire et Bretagne et le Programme Régional de Développement Agricole et Rural.
Albums AgriBEST® est le fruit d’un partenariat associant les co-fondateurs de l’outil et les équipes du Museum National d’Histoire Naturelle et notamment le centre de compétences en science participative Mosaic.
Le développement d’Albums AgriBEST® a bénéficié d’un financement par mécénat du Crédit Agricole SA.