3 questions à… Yohan Caubet et Marion Olliveaud
Yohan Caubet et Marion Olliveaud © Ferme du Sarrat - Copie horizontale

Yohan Caubet et Marion Olliveaud, porteurs de projet Nature 2050 en agroécologie et lauréats de l’édition 2019 du Concours Agriculteurs d’Avenir, répondent à nos questions à propos de leur engagement et leurs actions pour la biodiversité auprès du programme Nature 2050.

Quels sont les enjeux écologiques et climatiques de votre territoire ?

Notre ferme est perchée à 500 mètres d’altitude dans les Hautes-Pyrénées, à cheval sur les communes de Saint Pastous et Boô-Silhen. Cet environnement montagnard impose de nombreuses contraintes d’exploitation liées au contexte sol/climat difficile.

Notre terrain limoneux en pente est particulièrement vulnérable aux enjeux de ruissellements des eaux de pluie et d’érosion des sols. La saison est très courte (de mai à octobre), et nous devons faire face à de fortes variations de température. Au printemps, nous sommes souvent frappés par des inondations tandis que l’été est marqué par des périodes de sécheresse de plus en plus précoces. Les gelées tardives sont un autre risque pour nos cultures, surtout quand elles sont accompagnées de chutes de neige.

Pouvez-vous nous expliquer comment vous avez mis en place votre projet d’agroforesterie, et nous en présenter les contours ?

Depuis notre arrivée sur la Ferme du Sarrat – anciennement les Jardins du Davantaygue –, nous sommes engagés dans une démarche agroécologique. Notre volonté est de miser sur la symbiose entre l’arbre fruitier et les cultures maraîchères en complétant le patrimoine arboré de la ferme.  Nos actions en agroforesterie ont été récompensées en 2014 par le projet européen SMART et en 2019 par le Concours Agriculteurs d’Avenir via le programme Nature 2050.

Avec le soutien du programme Nature 2050, nous avons planté 1 000 arbres et arbustes de variétés anciennes locales sur deux parcelles certifiées en agriculture biologique, en partie plantées de fruitiers et pâturées par une vingtaine de brebis Lourdaises (race rustique et locale). En parallèle, nous avons créé un bassin de rétention des eaux de pluies pour irriguer les cultures en été. L’ensemble de l’exploitation est par ailleurs travaillé selon les principes de la permaculture et des techniques de maraîchage sol vivant (MSV).

En quoi l’agroforesterie vous permet-elle de répondre aux enjeux de l’agriculture de demain dans un contexte de changement climatique ?

Malgré la jeunesse de nos plants, nous constatons déjà les premiers effets bénéfiques de ces nouveaux aménagements agroécologiques. L’ombre apportée par les arbres et arbustes aux planches de légumes ont facilité leur résilience durant la canicule estivale, tout en rafraîchissant nos brebis. Les haies protègent aussi nos parcelles de la brise de montagne et favorisent la biodiversité indispensable à un équilibre agricole pérenne. En parallèle, nous travaillons à l’identification des essences locales les mieux adaptées aux nouvelles conditions climatiques.

Avant tout, ce projet d’agroforesterie nous permet de concrétiser notre ambition de nourrir la communauté locale avec des aliments sains (fruits, petits fruits et légumes bios de saison) en conservant un sol riche et vivant.

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