Yves Pellicier, président de MAIF, Hélène Hannoir, présidente du Fonds MAIF pour le vivant, et Valentine Norève, responsable du programme Nature 2050 ont embarqué sur le Victoria IV avec l’association l’Œil d’Andromède à la découverte du projet REPIC, vendredi 13 septembre 2024.
Ce projet fait partie des onze lauréats de la 1e édition de l’appel à projets « Fonds MAIF pour le vivant – Fonds Nature 2050 ».
Sur la Côte d’Azur, l’association l’Œil d’Andromède et sa société affiliée Andromède Océanologie portent depuis 5 ans le projet REPIC (REstaurer la Posidonie Impactée par l’anCrage). L’objectif : restaurer les herbiers de posidonie pour réhabiliter les nombreux services écosystémiques rendus par cette espèce endémique de la Méditerranée.
À bord du Victoria IV, Sébastien Personnic et Jo-Ann Schies, biologistes marins et plongeurs professionnels ont présenté le travail nécessaire pour replanter la Posidonie sur les fonds marins abîmés par les activités de plaisance à Beaulieu-sur-Mer, Villefranche-sur-Mer et Golfe-Juan.
Depuis le début de l’été, une équipe se relaie sur le trimaran qui sert de base scientifique pour répéter le même cycle d’actions :
- Collecte : Les plongeurs récupèrent d’abord les fragments flottants de Posidonie arrachés par les ancres (ou cassés de manière naturelle). Les zones de collecte sont identifiées grâce au suivi de l’ancrage des navires et des pressions exercées en temps réel via l’application DONIA. (Cf. photo ci-dessous)
- Traitement : Les biologistes accrochent ensuite aux fragments des agrafes métalliques dégradables conçues spécialement pour le projet. Leur temps de dégradation (environ dix ans) permet à la Posidonie de s’ancrer efficacement au fond. (Cf. photo ci-dessous)
- Repiquage: Les fragments agrafés sont repiqués à la main dans des zones de matte morte selon une disposition en damier (min 200 faisceaux au m²) qui permet de couvrir une plus grande échelle de restauration et de gagner des siècles sur la recolonisation naturelle. Depuis juillet 2024, les plongeurs de l’Œil d’Andromède ont déjà replanté plus de 20 000 faisceaux. (Cf. photo ci-dessous)
Sébastien Personnic et Jo-Ann Schies, plongeurs biologistes marins ©Fonds Nature 2050
Agrafage des fragments de Posidonie à la main © Fonds Nature 2050
SHerbiers de Posidonie repiqués sous forme de damier © Laurent Ballesta – Andromède Océanologie
Yves Pellicier, Hélène Hannoir et Valentine Norève © Fonds Nature 2050
Les premiers retours d’expérience font état de bons taux de réussite (jusqu’à 95%) et ont permis de sélectionner la méthode de repiquage et les zones prioritaires de restauration, ou encore de mieux comprendre l’effet de la profondeur sur la survie des transplants.
Une « forêt marine » en danger
La Côte d’Azur regroupe chaque année dans ses baies près de 40% de la grande plaisance mondiale. Les herbiers de Posidonie, espèce endémique et protégée de Méditerranée, ont été fortement dégradés par l’ancrage, avec une perte estimée à 10% des surfaces occupées en 100 ans, et jusqu’à 30% à Golfe-Juan depuis 2006 (soit 225 ha d’herbiers perdus). En outre, la croissance de la Posidonie est très lente, seulement quelques centimètres par an.
Les herbiers de Posidonie sont associés à 26 services écosystémiques qui sont évalués à plus de 46 milliards d’euros par an, tels que la protection du littoral contre l’érosion, le stockage de carbone (à 0,26 tC par ha/an), la production d’oxygène (ils sont appelés « poumon de la Méditerranée »), la purification de l’eau par filtration, etc.
La restauration active menée par l’association vise à :
- Restaurer un écosystème endémique vulnérable qui accueille 20 % de la biodiversité méditerranéenne et sert d’habitat, de lieu de reproduction et de nurserie pour plus de 50 espèces de poissons, 400 espèces végétales et 1000 espèces animales ;
- Accroitre la résilience naturelle du littoral via la prévention de l’érosion du trait de côte, la stabilisation des plages et la diminution de l’impact des tempêtes ;
- Atténuer le changement climatique (stockage carbone) ;
- Purifier l’eau par filtration et stabilisation des fonds marins ;
- Soutenir la pêche locale et le tourisme en restaurant un écosystème clé pour de nombreuses espèces d’intérêt.
Les actions de restauration sont couplées à des actions de sensibilisation et de protection des zones d’herbiers encore intactes, notamment à travers la réglementation et la mise en place de zones de mouillage non-autorisées.
Le partenariat Fonds MAIF pour le vivant – Fonds Nature 2050
Depuis 2019, l’association l’Œil d’Andromède met en œuvre le programme REPIC en partenariat avec l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse et le Groupe NAOS. Ce projet est également lauréat de l’édition 2023-2024 de l’appel à projets « Fonds MAIF pour le vivant – Nature 2050 » et bénéficie d’un soutien financier jusqu’en 2026 permettant sa mise en œuvre et son intégration au programme Nature 2050.
Le partenariat entre le Fonds MAIF pour le vivant et le Fonds Nature 2050 prend déjà la forme d’un appel à projets annuel, qui a déjà produit 11 lauréats en mai 2024.
La 2e édition de l’appel à projets est sur le point de commencer, avec une période de deux mois pour candidater, du 17 septembre au 14 novembre 2024.
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